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Ce qu’il faut retenir de l’entretien d’Emmanuel Macron après l’adoption contestée de la loi « immigration »

Pressé de tourner la page de la loi sur l’immigration, Emmanuel Macron a promis mercredi un « nouveau cap » pour 2024, confirmant au passage son « rendez-vous » en janvier pour tenter de relancer un second quinquennat percuté coup sur coup par l’adoption au forceps de la réforme des retraites puis de la loi « immigration ».
Invité de « C à Vous » sur France 5 pour plus de deux heures d’émission en direct de la salle des fêtes de l’Elysée, le chef de l’Etat a défendu un « compromis » qui est à ses yeux « un bouclier qui nous manquait » contre l’immigration illégale et une manière de contrer la montée du Rassemblement national en répondant aux problèmes qui le « nourrissent ».
Emmanuel Macron a défendu le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, estimant qu’il s’agit du « bouclier qui nous manquait ». Il a reconnu que le texte avait été « durci » par le Sénat, mais qu’il n’empêche pas la France, « pays qui a toujours accueilli [de continuer] d’accueillir ».
« Honnêtement », la caution demandée aux étudiants étrangers, « ce n’est pas une bonne idée », a estimé le chef de l’Etat sur France 5, sans exclure que cette mesure puisse être « retravaillée ». « Je vous le dis en toute sincérité, parce que je pense qu’on a besoin de continuer à attirer des talents et des étudiants du monde entier », a-t-il expliqué.
Au lendemain de l’adoption du texte par le Parlement, la première ministre, Elisabeth Borne, n’a pas exclu, elle non plus, de « revenir » sur la caution demandée aux étudiants étrangers, qui leur sera restituée au moment où ils quittent la France. Celle-ci pourrait n’être que symbolique, de l’ordre « de 10 ou 20 euros », a avancé la cheffe du gouvernement sur France Inter.
Emmanuel Macron juge qu’il y a « un problème d’immigration en France » tout en niant que le pays soit « dépassé ». « Je pense que toutes les bonnes âmes qui m’expliquent que ce n’est pas bien ce que vous faites, ce sont tous les gens qui ont gouverné le pays pendant quarante ans et qui ont fait quoi ? », a affirmé le chef de l’Etat sur France 5, reprochant à ses prédécesseurs de ne pas avoir réglé cette question. Dans un entretien au Monde, son prédécesseur François Hollande reproche à Emmanuel Macron d’avoir « pris les idées » du Front national.
« Ce n’est pas vrai » que le texte comporte « des dispositions qui sont de nature Rassemblement national », a affirmé Emmanuel Macron, tout en revendiquant que la loi visait « très clairement » à décourager l’immigration clandestine. Pour éviter que le RN arrive au pouvoir, il « faut traiter les problèmes qui le nourrissent » et « montrer qu’il y a une réponse dans le champ républicain conforme à nos valeurs », a-t-il poursuivi.
Alors que Marine Le Pen a revendiqué une « victoire idéologique » du RN avec l’adoption de ce texte, le chef de l’Etat assure que l’adoption du projet de loi constitue au contraire « une défaite » pour le parti d’extrême droite.
« Je respecte [sa décision] et j’ai aussi beaucoup de respect pour tous les députés de la majorité qui ont voté une loi qui n’était pas une loi dont ils aimaient toutes les dispositions », a affirmé le chef de l’Etat. « On a le droit de se poser des questions, mais il faut aussi prendre ses responsabilités », a-t-il dit.
« Je ne peux pas dire que c’est une rupture complète. Parce que ce n’est pas exactement le texte de la majorité, mais ça s’apprend de travailler en majorité relative », a-t-il déclaré.
« Les semaines passant, on ne peut pas laisser s’installer l’idée que lutter efficacement contre le terrorisme serait de tout raser à Gaza ou d’attaquer de manière indistincte les populations civiles et de faire des victimes civiles », a affirmé le chef de l’Etat au sujet de la guerre opposant Israël au Hamas.
« Est-ce qu’il fallait que je bondisse sur le grand rabbin, que je le plaque au sol en lui disant “non” ? » Emmanuel Macron a défendu sa présence au début du mois lors d’une célébration de la fête juive de Hanoukka à l’Elysée. « J’ai allumé la bougie du souvenir, la petite bougie rouge, qui n’a aucun caractère religieux, aucun », s’est-il justifié. Haïm Korsia s’est ensuite saisi de cette bougie du souvenir d’Auschwitz pour allumer « les premières bougies d’une fête qui est une fête religieuse », a raconté Emmanuel Macron, se défendant d’avoir lui-même « participé » à une « réunion religieuse ».
« Je pense que ce n’est pas une infraction aux règles de la laïcité », a précisé le chef de l’Etat, ajoutant que « tout le monde a besoin de transcendance et de spiritualité ».
« Parfois, je veux aller vite sur des sujets. Je l’ai assumé. Là, j’assume de prendre le temps », a dit le chef de l’Etat au sujet du projet de loi sur la fin de vie, déjà reporté à plusieurs reprises, au grand dam des partisans d’un changement de législation. Après la convention citoyenne sur la fin de vie, majoritairement favorable à une aide active à mourir, Emmanuel Macron avait demandé à ses ministres un projet de loi « avant la fin de l’été » 2023. Il sera finalement présenté courant février 2024.
Interrogé sur les Jeux olympiques de Paris, Emmanuel Macron affirme qu’il « y a évidemment des plans B » pour la tenue de la cérémonie d’ouverture en cas de « menace potentielle ». Ladite cérémonie doit se tenir, pour la première fois, en dehors d’une enceinte fermée, sur la Seine et ses rives. « On prévoit tous les scénarios et on s’adaptera à tous les scénarios. »
Emmanuel Macron a affirmé que la Légion d’honneur est un Ordre qui n’est « pas là pour faire la morale » et dénoncé « une chasse à l’homme » contre l’acteur Gérard Depardieu, visé par deux plaintes pour viols et agressions sexuelles. « Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l’homme. Je déteste ça », a répondu le chef de l’Etat, après l’annonce par la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, qu’une « procédure disciplinaire » serait engagée par la grande chancellerie de la Légion d’honneur à l’encontre de l’acteur, dont le talent « rend fière la France ».

Le Monde
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